2017
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Au sujet de la
« Cathédrale de Pierre » : quelques théories
Par M. Nonne, docteur ès mystères
& sciences appliquées
La
découverte de l’ancien temple dit de la « Cathédrale de Pierre », que
les travaux d’extension de la ligne C du métropolitain ont dévoilé, a fait
l’objet de nombreuses publications dans des revues très diverses[1]. Ces recherches ont permis
d’établir que ce qui était alors qu’un mythe fondateur de la Citadelle avait
quelques véracités, et elles ont mis au jour un grand nombre de phénomènes
intéressants expliquant, ou du moins éclairant, certains aspects mystérieux de
notre capitale. Notamment, si nous nous risquons à résumer succinctement les
théories les plus célèbres de nos confrères, nous savons que :
1.
L’analyse des différentes reliques de la Cathédrale, et notamment des outils de
taille (XA-3250 dans la
classification de la guilde des archéologues) et des sarcophages (BB-12, idem), a permis d’établir que le
temple a été construit près de 6500 ans avant notre ère. Rappelons que les
premières traces de la création la Citadelle, et notamment l’Appendix Probi, considéré comme
l’artefact le plus ancien jamais retrouvé par les chercheurs, datent quant à
elles de 3000 ans avant notre ère.
2. Le peuple qui
habitait cette Cathédrale parlait, à en croire les nombreuses inscriptions, une
ancienne forme d’étrusque (que M. Coux, 20XX:14, rapproche, hâtivement
peut-être, du lemnien) mais également un proto-latin atypique, qui n’a été
retrouvé nulle part ailleurs.
3. Ce peuple se
désigne sous l’appellation de « Griffons » (krifonii), et les premières traductions nous font croire qu’ils
étaient commerçants, marchands et voyageurs, entretenant des relations
commerciales avec les hameaux alentours. Nous ignorons en revanche tout de
l’objet de leur commerce.
4. Enfin, et pour les
raisons que nous rappellerons tout au long de cet article, la Cathédrale de
Pierre n’est qu’une petite partie d’une cité bien plus grande, dont les ruines
restent encore à découvrir.
Le
débat scientifique actuel, quel que soit le champ disciplinaire concerné –
archéologie, architecture, linguistique, histoire, magie… – s’est surtout
polarisé autour de deux théories fondamentalement différentes : la
première, reprenant notamment les hypothèses de l’ouvrage, majeur, de Peter L.
Graff (Monsters from the Darkness. Fear
the Walking Griffins, 200X, non traduit[2]), défend l’idée d’une
peuplade venue de la Mer Intérieure et dont les descendants auraient bâti,
quelque 4000 ans plus tard, la civilisation minoenne. L. Graff se fonde
notamment sur d’anciens témoignages antiques évoquant un « peuple vivant
dans la roche et sortant la nuit » (Graff, 200X:462 sq.), et ces Griffons seraient à l’origine du codex d’Evans,
contemporain de la Cathédrale et retrouvé, comme nous le savons, sur l’île de
Saintodin[3].
L’autre
théorie, qui n’a pas de figure tutélaire reconnue[4], prétend en revanche que
les Griffons sont des représentants de la race mythiques des Espers, ces
divinités facétieuses que nous retrouvons dans tous les mythes humains connus.
La découverte de la Cathédrale de Pierre serait alors la preuve incontestable
de l’existence d’un ancien monde magique précédant le nôtre, ce qui aurait des
implications directes sur les grands mystères de notre univers.
Sans
prétendre donner dans cet article une réponse définitive à ces questions, nous proposerons
ici diverses analyses permettant d’explorer plus en détail l’architecture
complexe de la Cathédrale de Pierre. Nous la mettrons en lien direct avec les
particularités urbaines de la Citadelle, dont le plan étrange a intrigué, et
intrigue encore, les voyageurs comme les habitants. Nous proposerons pour ce
faire une progression thématique en abordant (i) le sujet des couloirs aveugles, et notamment de l’escalier noir dont le plan précis n’a
toujours pas été réalisé ; (ii) le motif du dieu à tête de cheval, observé sur tous les murs de la Cathédrale, que
nous retrouvons sur les fontaines du troisième arrondissement de la Citadelle
et qui, jusqu’à présent, était sans reproduction connue ; (iii) le sigil de Joshua, trouvé sur le mur est de la grande nef et qui, partant,
précède de six millénaires, au moins, la création estimée de la religion
joshuétique.
Les transambulare de la Cathédrale
Comme
l’a montré J. Leblanc (200X:65-66), il est impossible de naviguer dans les transambulare de la Cathédrale de
Pierre, c’est-à-dire dans les « couloirs aveugles »
comme les appellent les profanes, et dans « l’escalier noir ». N’importe
quel individu, même s’aidant d’une main courante ou d’un autre artifice et se
risquant dans la structure, finit inexplicablement par revenir à son point de
départ sans s’être rendu compte qu’il avait fait demi-tour. Si le phénomène
n’est guère nouveau, les spécialistes estimant qu’un cinquième des villes du
monde connu ne peut être exploré à cause de ce phénomène[5], les couloirs aveugles de
la Cathédrale de Pierre sont atypiques dans la mesure où les animaux et les
personnes non-humaines également subissent le même phénomène. Il a été fait
trois tests, l’un avec un chien (canis
lupus familiaris), le second avec un Golem (galmi leonus leonus), le troisième avec un Nain (nanos vulgaris domesticatus), sans
succès. Les relevés isotopiques ont fait état d’un taux de Césium-137 dix fois
plus élevé que la normale, ce composant agissant, du moins c’est ainsi que nous
le postulons, sur les glandes pituitaires des animaux/non-humains et perturbant
dans des proportions inédites leur sens inné de l’orientation qui les préserve,
à la surface, de ce phénomène déplaisant.
Les
tentatives de mesure au moyen de la géométrie ont également donné des chiffres
contradictoires : le couloir aveugle A1,
reliant la grande nef au beffroi sud, aurait une longueur comprise entre 10 cm
et 1500 m ; le couloir aveugle A3,
reliant la grande nef au tabernacle, une longueur comprise entre 10 cm et 25
m ; et ainsi de suite. À l’heure actuelle, nous ignorons encore si ces
couloirs ne sont que des voies directes reliant les centres d’intérêt que nous
avons énumérés, ou s’ils mènent également à des antichambres secrètes que nous
pourrions explorer[6].
L’escalier
noir, qui doit son nom à l’ébène qui recouvre les deux premières marches, est
d’une complexité plus étrange encore. Non seulement il est impossible de
l’arpenter sans revenir sur ses pas – ce qui en fait déjà une merveille,
premier exemple de couloir aveugle construit « par degrés » – mais,
de plus, personne n’est capable d’en faire une description unique, même superficielle.
Lorsque nous le vîmes pour la première fois en décembre dernier[7], nous le croyions en
colimaçon ; y revenant pour préparer cet article la semaine dernière, il
nous apparut à angle droit ; sur la photo se trouvant sur notre étude, et
prise lors de cette dernière visite, il se coude à trois reprises… Les
descriptions multiples de l’escalier noir, changeant selon qui le regarde, ont
fait l’objet d’un recueil qui eut un succès de librairie assez éclatant certes[8], mais dans lesquelles l’on
ne peut trouver ni ordre, ni mesure.
Bien
que n’ayant point la réponse à ces nombreuses questions, nous pensons pouvoir
rapprocher ce phénomène de celui entourant le Quartier des Lunes. Même ceux n’habitant
pas la Citadelle ont dû en entendre parler : entre le sixième et le septième
arrondissement, sur les cartes officielles de la cité, il est une zone sombre
habitée, notamment, par les Golems. Ceux-ci sont les seuls à pouvoir survivre
dans ce qui a été décrit, pour reprendre le fameux mot de Scalinger, comme
« les ruelles les plus obscures de la création[9] ». Quiconque
pénétrant dans les lieux est comme repoussé par une force invisible, qui va
jusqu’à distordre l’air environnant : à l’instar de ces mirages
désertiques, il est des volutes de lumière et de poussière circonscrivant le
quartier et rendant difficile, si ce n’est impossible, toute tentative de
mesure géographique ou géodésique. Quel dommage que les Golems ne puissent
compter ! Mais passons : si nous ne sommes point les premiers à
évoquer la proximité entre les différents événements[10], nous sommes en revanche
les premiers à proposer une explication. Effectivement, au-delà de cette
difficulté à établir précisément les contours et de l’escalier noir, et du
Quartier des lunes, nous pensons, après avoir étudié les cadastres, qu’une
partie de la Cathédrale se trouve, pour ainsi dire, au nadir de cette zone de
la capitale. Certes, nous répondront les urbanistes : la ligne C du
métropolitain devait précisément proposer une alternative aux voyageurs
désirant rejoindre la partie haute de la ville, sans contourner cette zone de
non-droit et encombrer les rives du Fleuve Dissolue. Mais la Cathédrale a été
découverte bien au sud du Quartier des Lunes, à dix kilomètres de là, ajoutent
ces architectes.
C’est
là néanmoins le cœur de notre pensée : et si la Cathédrale de Pierre agissait
bien en sens inverse, par quelques influences radiesthésiques, sur le Quartier
des Lunes et de façon amoindrie, et lui prêtait alors de ses propriétés
étranges ? Rien ne nous empêche effectivement de croire que l’escalier
noir ne bifurque dans une antichambre invisible, bien loin derrière la face
première de la Cathédrale, et ne mène directement à la surface. Les Golems ont
toujours été discrets quant à ce qui se passaient chez eux, et nous les
comprenons : notre histoire commune, il y a une centaine d’années à peine,
a été balisée de leur sang plus que du nôtre. Mais les témoignages de première
main des sergents de ville établissent bien l’existence de réseaux souterrains
courant sous tout le Quartier des Lunes[11] : est-ce à dire que
les rayonnements de l’escalier noir se déversent, ce faisant, parmi eux ? Cela
signifie que le cœur de la Cathédrale de Pierre se trouverait plus de dix mille
mètres plus loin que son entrée retrouvée, et donc qu’une large portion de la
structure nous reste inconnue. Il nous faudrait un Golem acceptant, pour nous,
d’explorer les rues étroites de son domaine pour en savoir plus, mais nous
pensons qu’il s’agit là de l’hypothèse la plus probante justifiant le
comportement étrange du Quartier des Lunes, dont l’existence étonne et a étonné
les historiens depuis la création de la cité.
Toot de la lavande
et des moineaux
Le
dieu à tête de cheval, Toot (ou Tot), est une figure proéminente de l’ancienne
peuplade gnomique qui disparut mystérieusement peu avant notre ère. Outre sa
filiation cosmogonique, l’index de Serrala nous en donne une description
précise, bien que brève : « […] Commande à la lavande, et aux
moineaux. Aimé des pré-joshuétiques[12]. » Il s’agit d’une
proto-divinité qui donnera naissance, plusieurs millénaires plus tard, au Dieu
de la religion joshuétique. Les seules représentations connues, nous le savons,
sont celles des sept fontaines de la Citadelle, construites selon un
pentagramme complexe qui peut être, à ce que dit la théorie la plus répandue à
ce propos, une sorte de symbole zodiacal apportant bonne fortune[13]. Connues également sont
les propriétés de l’eau s’échappant de la bouche des gargouilles figurant Toot :
température de solidification à 10 °F, aucune température d’ébullition connue, masse
volumique légèrement moindre que l’eau courante à température et pression
ambiantes. Si, pendant longtemps, les traditions de la Citadelle prêtèrent aux
bassins des qualités curatives, l’eau pouvant soigner, disait-on, de la lèpre,
du choléra et de la gonorrhée, les méthodes chimiques et scientifiques modernes
n’ont rien prouvé allant dans ce sens (H.D. Holmes, 200X). Tout au plus a-t-on
observé une sensation globale de mieux-être, que l’on attribue aujourd’hui à un
effet placebo (idem, p.22-26). Reste cependant que ces
légendes entourant les bassins puisent selon toute vraisemblance leur origine
sur les attributs du dieu Toot : nous savons que la lavande a un effet
antiseptique, tandis que les nids de moineaux ont la réputation d’être ignifuges,
la plume de l’oiseau permettant alors de calmer le « feu » du corps.
La
découverte de représentations de Toot, en si grand nombre, dans la Cathédrale (38
icones, toutes similaires en taille et en posture, ont été repérées jusqu’à
présent, Nonne, 201X:225), soulève différentes questions. Les Griffons
étaient-ils liés aux Gnomes d’une certaine façon ? Prêtait-on à ces idoles
un pouvoir protecteur ? Mais, surtout et c’est là que nous orienterons nos
commentaires, quelles relations existe-t-il entre la Cathédrale de Pierre et
les fontaines de la Citadelle ? Si les analyses se poursuivent, au vu des
premiers résultats, nous envisageons deux théories.
1.
La figure a effectivement des propriétés curatives mais celles-ci, à la surface
et à la façon de ce que nous avons décrit pour le Quartier des Lunes, s’amoindrissent
pour une raison qu’il nous reste encore à comprendre. Nous nous fondons pour
cela sur les premiers prélèvements effectués sur la roche des idoles : celle-ci,
mise en culture, a détruit sans problème aucun les bactéries responsables des
maladies susnommées. Nous savons cependant que ces tests n’ont pu être
reproduits dans d’autres laboratoires, seuls ceux de la Citadelle ayant observé
le phénomène (X. Bouton, 20XX). L’on pensait alors à de faux-positifs :
nous envisageons quant à nous une influence radiesthésique de la Cathédrale sur
la roche des idoles et leur prêtant ses propriétés, ainsi qu’aux fontaines de
la surface. La raison pour laquelle lesdites propriétés se seraient amoindries
avec le temps et l’espace, en revanche, nous échappe.
2. La figure n’a point de rôle curatif en
elle-même mais la pierre de la Cathédrale, en revanche, est bien responsable
des phénomènes observés. Nous avons mentionné précédemment la haute teneur en
Césium-137 des couloirs aveugles : si les radiations sont moins prononcées
dans les autres ailes de la nef, les caméras thermiques ont repéré des pôles de
chaleur localisés précisément aux endroits où les idoles ont été taillées, et
spécifiques à ce type d’isotope[14]. Il est alors possible de
croire que ces sculptures ont excité les particules subatomiques présentes dans
la pierre, conduisant aux propriétés que nous avons décrites. Cela n’explique
en rien cependant le comportement étrange de l’eau des bassins, puisqu’aucune
trace de Césium-137, ou d’une température supérieure à la normale, n’a été
enregistrée à la surface.
Nous
ne balancerons point, ici, sur l’une ou l’autre de ces hypothèses. Nous
attendons d’autres relevés, mais il nous semble que ce sont là les seules
possibilités envisageables.
Le premier Homme
Terminons
cet article en évoquant le sigil de Joshua découvert au-dessus de l’autel. Nous
reproduisons ici, in extenso, la
description qui en a été faite par le contremaître de l’équipe de construction
du métropolitain.
« J’ouvris
l’immense double porte au pied de biche et je tombai à genoux. Dans la lumière
des immenses lampes des engins de chantier, sous la poussière tombante de la
galerie ouverte, dans l’étouffante sècheresse des souterrains de la Citadelle,
le nom de mon Dieu m’apparut. Le sigil est immense, plus de quinze mètres de
haut, six de large au moins ; soigneusement taillé par un instrument sans
doute brandi par un géant colossal. J’ignore encore ce qu’est cette Cathédrale
de Pierre, qui la bâtit, qui l’habita : mais c’étaient sans doute des
Hommes pieux et dignes de notre respect. » (K. Ol, 200X:71)
Ce
paragraphe, qui fut à l’origine du nom donné à la superstructure, a été
abondamment commenté et Monsieur Ol a fait commerce de sa découverte :
nous ne lui en faisons point reproche. Il y a en revanche quelque chose qui, à
notre connaissance, n’a jamais fait l’objet d’une remarque approfondie. Nous
parlons effectivement de cette précision : « soigneusement taillé ». En relisant l’ouvrage de K. Ol en
préparation de cette étude, cela n’a pas manqué de nous étonner : toutes
les reproductions photographiques du sigil, ainsi que les descriptions
ultérieures du symbole, laissent à voir au contraire quelque chose de grossièrement
dessiné, d’asymétrique et de disproportionné. C’est un brouillon, pour ainsi
dire, de ce que nous connaissons aujourd’hui, reconnaissable certes, mais
indubitablement maladroit.
Les
journalistes et autres curieux ayant posé directement la question à Monsieur Ol
ont été éconduits et ont conclu à un instant de ferveur religieuse prononcée et
scientifiquement inexact. Si nous oublions, ne serait-ce, qu’il s’agit là du
seul et unique point sujet à caution de la longue description du contremaître,
cela n’est pas sans nous faire penser à une autre occurrence, similaire, de
sculpture se détériorant rapidement. Nous espérons que l’on excusera notre
étrangeté, mais cette anecdote, que d’aucuns jureront comme appartenant au
domaine du détail, ne peut que nous renvoyer aux textes sacrés, et à la Bible
de Montri. Comparons l’extrait de Monsieur Ol, avec la troisième épître aux
Espers :
« 2.
[…] et le symbole était celui de l’Ange et du premier Homme. 3. Mais lorsque le
païen pénétra dans le temple, le symbole se désagrégea. […] 5. Le païen
dit : “Est-ce un Dieu de pacotille que celui dont le nom s’étiole
toujours ? Pourquoi adorer une ombre sur la plaine, une herbe dans un
vase ?” 6. Et l’Ange
répondit : “C’est un Dieu de pitié et de tendresse.” 7. “Et son visage
pleure lorsque l’incroyant le toise.” »
Que
Monsieur Ol soit pieux, nul n’en doute ; mais sommes-nous pour autant des
païens ? La Cathédrale de Pierre, malgré les incessantes demandes des
membres du clergé, reste interdite au public. Les croyances des géographes,
archéologues, numismates, linguistes… ayant exploré la Cathédrale les regardent,
bien entendu, mais je peine à croire qu’il n’y avait parmi eux que des
agnostiques ou des athées. Qu’est-ce à dire ? Encore une fois, deux
hypothèses s’offrent à nous, sans que nous ne puissions balancer. Justifions tout
d’abord la seconde partie de notre titre universitaire : ce ne seraient là
que des croyances et des fadaises anciennes, écrites bien avant l’invention de
la méthode scientifique et auxquelles nous ne devons prêter aucune attention.
Et
pourtant, les mystères existent encore. La science moderne ne peut tous les
expliquer et la Citadelle, plus qu’aucune autre ville, nous en donne la preuve.
Nous avons parlé déjà de ses couloirs aveugles, de ses fontaines et du Quartier
des Lunes mais, si le nombre de signes de l’article ne nous était point imposé,
que n’aurions-nous évoqué en détail les réverbères de bois du huitième
arrondissement, qui donnent les noms des futurs accidentés de la route ;
les digitales jaunes poussant au pied des chênes du Palais Royal, et qui ne
flétrissent jamais l’hiver ; les nuages lourds que seuls les Nains disent
voir, et qui leur permettent de toujours gagner au bonneteau, contre toute
prédiction et logique statistique… Nous pourrions en rajouter encore plus.
Nous
ne disons point que la Cathédrale de Pierre a partie liée avec ces nombreux
phénomènes. Mais cela ne semble-t-il point étrange que la ville qui concentre
le plus grand nombre de ces énigmes abrite, également, cet édifice
ancien ? Cela n’est point pour rien que nous apprenons, dans la discipline
qui est la nôtre, à la fois les sciences physiques présidant à la formation des
étoiles, et les chiffres ésotériques des alchimistes ayant achevé le Grand
Œuvre ; à la fois les langues anciennes des peuples du bassin de la Mer Intérieure,
et les formules magiques invoquant les mouches savantes du troisième
cercle ; à la fois les proportions mathématiques du nombre d’or, et l’apposition
des mains qui guérit de la migraine. Nous ignorons cependant encore, dans cette
liste, ce qui est réellement magique, et ce qui ne l’est pas.
Et
bien que nous en ayons perdu l’habitude, il nous faudra accepter,
peut-être ! que des choses nous restent à jamais inaccessibles.
Références :
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données statistiques de l’Empereur Débonnaire. Deuxième édition.
Citadelle : Martin de B.
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bleus de la Cathédrale de Pierre ». Dans Journal d’architecture urbaine et transurbaine, n°5 de décembre. p.
69-71. Monts Brumeux : AZR & Cie.
Bidois,
Q. & Bidois, R. (198X). Le Quartier
sous la ville, les Golems contrebandiers et autres récits historiques. SchwarzBerg :
Mikel A.
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« Encore une curiosité de la Cathédrale de Pierre et de ses idoles ».
Dans Revue de médecine naturelle,
biologique et alchimique, vol. 64. p. 23-24. Citadelle : Martin de B.
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et écritures des griffons : approche lexico-ethnographique ». Dans Hiéroglyphes et linéaires anciens et
contemporains, t.II, vol.3. p. 5-120. Citadelle : Martin de B.
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Colloquio di BluMare. BluMare : BluMare Editions Ltd.
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(198X). Index du Sergent Serrala.
Nouvelle édition revue et augmentée. Citadelle : Librairie des
Vivants.
Furukawa,
P. (dir.). (199X). Que savons-nous des Fontaines ?
Actes du colloque international de Doom.
Doom : Presses Universitaires de Doom.
Graff, P. L.
(200X). Monsters from the Darkness. Fear
the Walking Griffins. LongBridge : J. J.
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Holmes, H. D. (200X). Propriétés curatives des fontaines de la Citadelle. Mesures,
comparaisons, prières et malédictions. SchwarzBerg : Le Furet.
Leblanc, J.
(200X). « Inventaire des transambulare
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transurbaine, n°2 de mai. p.22-39.
Nonne, M. (201X).
« Récit d’un voyage en pays griffonnant ». Dans Compagnie des amis des sciences étranges, n°205. p. 222-228.
Ol, K. (200X). Ma Découverte de la Cathédrale de Pierre.
Une Lettre à l’Ange et à Joshua. Citadelle : Le Furet.
Petijean,
Q. (20XX). « À quoi rêvent les Lunes de Pierre ? ». Dans Compagnie des amis des sciences étranges,
n°444. p. 75-99.
Poc, J. (20XX). « La
Cathédrale de Pierre ou les mythes perdus ». Dans Revue internationale d’histoire ésotérique, vol. 56. p. 35-53. Citadelle : Martin de
B.
Poichard, P. &
Azmard, M. (à paraître). « Relevés isotopiques, thermiques et géostatiques
des idoles à tête de cheval de la Cathédrale de Pierre. Deux remarques, et une
scorie ». Dans Médailles et idoles
mystérieuses du continent, n°75. Doom : Presses Universitaires de
Doom.
Rouge,
D. & Rouge, B. (éds.). (200X). Dans
quel Étage j’erre ? L’Escalier noir de la Cathédrale de Pierre selon nos
concitoyens. Citadelle : Le Furet.
Scalinger,
P. (195X). Curiosités urbaines
contemporaines. Monts Brumeux : Alfred
Gentil.
[1] Pour ne citer que
les plus récentes : « La Cathédrale de Pierre ou les mythes
perdus » (J. Poc, 20XX), « Coutumes et écritures des griffons :
approche lexico-ethnographique » (M. Coux, 20XX) et « L’escalier qui
revient : les couloirs aveugles et les minarets bleus de la Cathédrale de
Pierre » (P. Arnaud, 20XX). Les références précises sont données en fin
d’article.
[2] Une traduction,
sous le titre Des Monstres dans la nuit.
Les Griffons sont parmi nous, est en rédaction (note de l’éditeur).
[3] Malheureusement,
le codex est vierge de toute inscription, ce qui empêche de confirmer – ou
d’infirmer – cette hypothèse séduisante.
[4] L’on donne
cependant souvent le nom d’E. Edgarino pour cette école, ce dernier ayant pris
ouvertement position contre L. Graff au cours de plusieurs colloques très médiatisés.
Voir notamment Gli Antichi Dei. Atti des
Colloquio di BluMare (201X, non traduit).
[5] Les dernières
études (comme C. Albein et al., 199X)
révisent ce chiffre à la baisse, et parlent à présent de 15%. Il faut dire que
la dernière génération de métropolitain a permis d’atteindre une célérité
suffisante pour s’extraire du flux gravitationnel et rejoindre facilement
l’issue de ces couloirs, ce qui a considérablement augmenté notre espace
habitable ces dix dernières années.
[6] Des échographies,
conduites par le Centre National Sonore, sont en cours cependant, et nous en
attendons beaucoup.
[7] Nous racontons
cette anecdote dans « Récit d’un voyage en pays griffonnant » (201X).
[8] Dans quel Étage j’erre ?, 200X.
[9] Curiosités urbaines contemporaines, 195X:128.
[10] Nous reprenons ici
l’étude faite par notre confrère et ami Q. Petijean, qui eut la gentillesse de
relire notre article, « À quoi rêvent les Lunes de Pierre ? »,
20XX.
[11] MM. Bidois, Le Quartier sous la ville, les Golems
contrebandiers et autres récits historiques, 198X.
[12] Nous reprenons là la
traduction de P. Furukawa (198X:1999).
[13] Les études sur la
question étant bien trop nombreuses, nous renvoyons pour mémoire aux actes du
colloque de Doom (Que savons-nous des
fontaines ?, 199X) et à sa riche bibliographie.
[14] Étude inédite de
P. Poichard et M. Azmard, à paraître en fin d’année dans la revue Médailles et idoles mystérieuses du
continent.